Histoire de l'huître
 
 

 

    Il existe actuellement deux espèces d'huîtres élevées en France, l'huître plate (Ostrea edulis) et l'huître creuse (Crassostrea gigas). Mais il n'en a pas toujours était ainsi. L'huître plate peuple l'Europe du nord, de la Norvège à la France, en passant par le Danemark, les Pays bas, la Belgique, la Grande Bretagne et l'Irlande. Nous la trouvons aussi en Espagne et au Maroc. Sa répartition s'étend jusque dans la mer Adriatique et la Mer Noire.
 
Abondante sur les côtes d'Europe au quaternaire et à l'époque gallo-romaine, Ostrea edulis est l'huître indigène de la France et notamment de Marennes-Oléron. Les Romains emmenaient nos huîtres plates jusqu'à Rome.
Afin de faire face à une pénurie d'huîtres plates, le Bassin d'Arcachon importa à partir de 1860 des huîtres creuses du Portugal, l'espèce Crassostrea angulata. C'est au cours d'un de ses transports, qu'un bateau "le Morlaisien" rejeta sa cargaison en putréfaction dans l'embouchure de la Gironde, permettant ainsi l'implantation de cette huître creuse Crassostrea angulata.
Cette huître portugaise fut touchée par deux épizooties (épidémie qui frappe les animaux) d'origine virale : la "maladie des branchies" 1966 à 1970, suivie de la virose hémocytaire de 1970 à 1973. Cette dernière maladie s'est accompagnée d'une mortalité massive des portugaises et de leur disparition des côtes françaises.
Face à cette catastrophe touchant environ 5000 ostréiculteurs, il fallut trouver rapidement une solution : la substitution d'espèce, d'où l'introduction de l'huître japonaise originaire du Pacifique, Crassostrea gigas. Les premiers transferts de cette dernière semblent dater de 1966. Il s'agissait d'un ostréiculteur fasciné par le taux de croissance élevé et de la qualité de Crassostrea gigas, alors que la production de Crassostrea angulata régressait. Les premiers tests donnant de bons résultats, l'ostréiculteur décida d'introduire d'autres échantillons.
Mais "l'Institut Scientifique et Technique des Pêches Maritimes" (ISTPM) proposa de stopper cette importation de peur de contamination, ce qui entraîna l'indignation de la profession. Une visite d'expert au Japon, fut donc organisée en 1969, afin d'examiner les sites potentiels d'exploitation et les risques pathogènes, permettant l'introduction de cette espèce exotique sur les côtes françaises. Cette huître japonaise est présente en mer d'Okhotsk (Vladivostok), dans l'île Sakhaline (Russie), au Japon, en Corée et sur la côte pacifique d'Amérique du Nord, de l'Alaska à la Californie. Cette espèce a aussi été importée en Australie, au Canada ainsi que dans les pays occidentaux. L'huître plate est atteinte depuis 1974 de deux parasitoses, la martelliose provoquée par Martellia refringens et la bonamiose provoquée par Bonamia ostrea.
C'est pourquoi la production d'huître plate est maintenant en très faible quantité, d'où la valeur marchande élevée de cette dernière. Aujourd'hui la France produit essentiellement de l'huître creuse.